Je ne cesse de revenir à la proposition XLII du livre V de l’Ethique de Spinoza : « Ce n’est pas parce que nous contrarions les appétits lubriques que nous jouissons de la béatitude ; mais au contraire, c’est parce que nous jouissons d’elle que nous pouvons contrarier les appétits lubriques. »
Parfois, j’imagine un corollaire au propos du maître : Ce n’est pas quand j’aurai résolu mes vingt-cinq problèmes quotidiens que je serai dans la joie, en attendant les vingt-cinq prochains soucis mais c’est parce que je suis dans la joie ici et maintenant que je peux traverser le plus librement possible l’épreuve du jour.
Autant dire que Spinoza invite à trouver dans le présent les ressources réclamées par la vie, à se saturer de la joie là où elle se donne pour nous lancer dans les aventures de l’existence.
9 Comments on “Pharmacopée n°8”
Les moments les plus simples, souvent non perçus lors de mes plongées dans le monde automatique, sont les plus savoureux moments de l’existence. Par exemple, ce matin en faisant monmarché, j’ai discuté avec ma boulangère et une de ses amies. Cette dernière expliquait qu’elle serait privé pendant une semaine du bon pain, interdite de féculents pendant une semaine au vu d’une prise de sang. Examen réservés exclusivement à la gente féminine!! Et la conversation commencée de façon plaintive pour cette dernière et compatissante de notre part, a dévié vers un bel éclat de rire à son terme. Je fut contente de la voir partir avec le sourire aux lèvres, la joie toute simple de voir ce sourire se dessiner sur le visage de cette dame! Voilà un gracieux moment de bonheur, et il y en aura d’autres!
j’ai laissé un message pour vous dans la rubrique contact
dans votre boite mail
il concerne votre dernier livre
Bonjour, il y a certes une infinité de problèmes dans le quotidien, ce qui rend la vie si particulière.
Nous essayons de régler ces petit problèmes par l’enfermement sur soi, par le non jugement…
Mais faut il encaisser tant de souffrance ?
Subir ?
Je pense qu’il faut voir la, la vie même.
Que serait une vie sans malheur ?
Ces petit soucis ne sont ils pas source profonde de nostalgie ?
Ils sont immanquablement embêtant dans l’instant vécu.
Mais, mieux vaut une erreur corrigé que pas d’erreurs.
Apprendre à accepter ces « soucis juger » je souligne juger, oui, il faut les juger pour pouvoir trouver le juste milieu de l’acceptation.
Et ainsi, accepter ces soucis et pouvoir en faire une force en soi nous permettant d’avancer dans ces eaux si agiter par les vents !
Certains sages, dont, Pascal pensent que la continence est meilleure que l’incontinence, cependant on pourrait envisager que la manière de satisfaire la lubricité et non la suppression serait préférable à l’incontinence compte tenu de la nature de l’être humain qui doit faire face à un besoin physiologique à moins de supprimer ce même besoin mais Espinosa ne l’envisage pas et semble affirmer que la sérénité permet d’assouvir la lubricité avec modération mais peut être qu’avant d’avoir acqueri la béatitude il serait préférable de se passer de lubricité.
g.
La vie sexuelle de Spinoza reste un relatif mystère… Exclu de la communauté juive, tenu à l’écart par les chrétiens, Spinoza était presque condamné à l’abstinence sexuelle par la société, pourtant réputée « libérale », des Pays-Bas de l’époque. Cette remarque ne vise pas à contester la citation donnée ici mais à lancer la discussion sur le bon usage des plaisirs dans la recherche de la joie.
A vrai dire je ne sais que penser de la formule « appétit lubrique » de Spinoza… J’en tiens personnellement à la tempérance grecque qui ne limite pas les pratiques sexuelles tant qu’elles ne deviennent pas des obsessions. Les grecs aimaient l’ivresse mais pas l’alcoolisme, aimaient la bonne chère mais pas être obèse, aimaient le sexe sans aucun préjugé mais pas la dépendance sexuelle. J’imagine que Spinoza doit se situer dans cette ligne là, je ne suis pas assez spécialiste pour en être sûr. Ici il parle d’appétit lubrique ? Veut-il évoquer les excès sexuels ou la sexualité ? Je ne sais. Par contre il indique clairement que cette privation n’ai pas source de joie voilà au moins une chose nette. S’il n’y a pas de bénéfice à attendre d’excès sexuels il n’y a pas non plus de punition à craindre. Par sur le plan de la joie.
J’ai remarqué à la FNAC un livre sur la vie sexuelle de Kant. Lorsque je lis un ouvrage philosophique je m’intéresse toujours au personnage de l’auteur et notamment à sa vie sexuelle autant qu’on puisse savoir quelque chose… Pour moi les idées ne flottent pas en l’air, c’est dire si je ne suis pas grand amateur de Platon, mais s’incarnent dans des individus. Je passe pas mon temps à décortiquer la vie des auteurs mais j’y prête attention. Celle de Spinoza est assez mystérieuse, celle de Nietzsche est assez douloureuse… Vous même M. JOLLIEN n’hésitez jamais à décrire votre parcours sur le plan de la sensualité, avec courage, comme une des manifestations les plus intenses de la joie et la cohérence personnelle. Michel ONFRAY s’inscrit dans cette approche de façon très nette.
Le présent est un Présent.
En jouir n’est ni par hier ou pour demain, mais c’est ici et maintenant, nous y sommes, nul autre personne n’est à ma place…et quel cadeau! car l’étincelle est vivante et permet d’apprécier MAINTENANT comme un cadeau merveilleux, car c’est uniquement en ce moment que j’existe..
Célébrons-nous en chaque instant et nous devenons le soleil levant.
En effet Mademoiselle Subtile vous avez bien raison à propos de l’instant. Je pense qu’il est intéressant de travailler cet « art » de vivre l’instant. Par exemple en définissant la durée de l’instant. En effet… L’instant peut couvrir une durée variable, d’une minute à une semaine. Disons qu’il y a différent angle de vue concernant l’instant. Moi je dirais que l’unité habituelle, en gros, c’est la journée tout en sachant qu’au sein de la journée il y a des instants plus courts. L’instant est la période couverte par un certain état du corps qui est en même temps un certain état d’esprit… J’arrête là juste pour dire qu’il est intéressant d’affiner cette notion de l’instant. D’en discuter.
Je viens de relire cette pharmacopée, elle m’avait déjà marqué il y a un an ou deux et c’est comme une petite ‘jouvence’ pour l’esprit, c’est bien de se remémorer cette philosophie.
Un grand merci,
Philippe