Pharmacopée n°73

Devant un quolibet, une moquerie, un regard jugeant dans la rue, je me dis souvent que cet épisode ne durera qu’une fraction de seconde dans ma vie et qu’il faut à tout prix faire la séparation entre l’essentiel et les points de détails. Comment accueillir le flot de projections, comment écouter une parole sans en être durablement affecté mais tout en restant oh combien sensible ?

Peut-être que Montaigne est un guide. En tout cas, dans Les Essais, au chapitre intitulé « De l’expérience », il donne assurément une clé : « La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute ». A bon entendeur salut … !

Tous mes voeux vous accompagnent et encore merci pour votre soutien. Il est des paroles, des regards qui sauvent.

Alexandre

9 Comments on “Pharmacopée n°73”

  1. OUI … et donc avec ou sans foi, avec ou sans zazen, bouddhisme taoisme…, avec ou sans philosophes, avec ou sans psychanalystes, avec ou sans humour, avec ou sans amour, avec ou sans écrivains cinéastes chanteurs… avec ou sans artisans et artistes… avec ou sans richesses… avec ou sans… la vie reste bien difficile, même avec tous ces « amis » et « tout ce qui aide et qui prend soin ». « Tout ce qui est liens alliés ».

  2. Le quolibet, la moquerie, le regard jugeant dans la rue traversent l’espace et le temps, sont captés par nos sens, puis par notre cognition. A ce stade nous sommes tous identiques. Ensuite, chacun sa carte du monde. En voici une qui brille de mille feux: Merci pour ces quolibets car ils prouvent que je suis dans cet univers. Merci pour ces moqueries car elles nous dévoile la peur, cette créature qui conduit à la méchanceté et à la haine. Merci pour ce regard jugeant car il permet de se rapprocher de la réalité de ce que l’on est physiquement. En retour, mon corps et mon esprit vont générer une réponse aux stimuli. Il s’agira d’un sourire et de la compassion pour les pauvres, les pauvres d’esprit, les pauvres d’amour.
    Que la joie et la lucidité grandisse en nous.
    Yann

  3. « Souffrir passe, avoir souffert ne passe pas » Louise de France.
    Avoir souffert peut se transmuter en Sagesse et en compassion. On connaît la souffrance et ce qu’elle peut faire faire, on connaît la douleur intense et on n’a pas envie que les autres souffrent. Ça peut nous permettre aussi de comprendre qu’ils sont durs parce qu’ils souffrent. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais pour des petites choses déjà… et petit à petit on gagne confiance, quand on sent que c’est vraiment libérateur de s’entraîner ainsi.

  4. Dans votre livre « vivre sans pourquoi » page 101, un maitre zen vous répond « mais qu’il se flingue ! » au sujet d’une connaissance qui vous a demandé de l’aide et de le dépanner …
    Dire qu’il a passé sa vie à devenir maitre zen pour en arriver là, je trouve que ça ne fait pas rêver !
    Peut être aurait il perdu en chemin sa part d’humanité ? Je n’aimerais pas l’avoir comme maitre zen.
    Vous écrivez aussi que sa réponse vous allège beaucoup. Sous un certain angle, ça peut se comprendre, pour se protéger, pour se sauver de souffrir …

  5. (J’ai quand même oublié de dire que votre livre, comme tous vos livres, est une source d’amis et de ce qui peut être allié et aidant).

  6. Bonjour Alexandre.

    Je me permets de faire écho sur ce que vous avez écrit. Je sais de prime abord que votre expérience de railleries dont vous devez faire face, à cause de l’ handicape parfois. N’est pas confortable. Voir blessant et je ne le vis pas. Vous pensez que , en citant Montaigne, que la parole est à moitié à celui qui l’a dit , à moitié à celui qui l’écoute. C’est très intéressant. Cependant, en fonction de ce qui se passe dans nos vies, nous avons aussi la possibilité de remettre les choses à leur place. Et la parole doit devenir, bien plus qu’un phénomène appartenant à l’un et à l’autre. Un phénomène appartenant à bien plus encore. En effet la parole ne devient ni la langue de celui qui la prononce, ni l’oreille de celui qui l’écoute. Je vous invite alors, la prochaine fois, que quelqu’un vous dira des moqueries. Que bien plus que de laisser passer cette parole. La voir pour ce qu’elle est. De ne pas la transformer en oreille. Voir qu’elle est un phénomène sans noumène. Celui qui l’a prononce en fait quelque chose qui a un sens intelligible pour lui. Il ne tiens qu’a vous d’y voir le véritable et absolu sens de ces paroles. la nature du phénomène. C’est en voyant que vous n’avez pas besoin d’en faire quelque chose, que toute moquerie apparaitra sans jugement possible de votre part. Juste une moquerie.

    BIEN CORDIALEMENT.

  7. Bonsoir Alexandre et tout le gang ici que vous touchez,,,,

    Après avoir passé la plupart de ma vie aux États-Unis, je suis venue vivre dans ma ville natale, à l’essai.
    Je savais que de nombreux français sont très moqueurs et condescendants, mais pensais savoir faire avec. Eh bien, non. Malgré l’aide d’un optimisme forcené et d’une boîte à outils sans cesse renouvelée, je suis frēquemment heurtée à tord et à travers par des inconnus qui ne font que passer dans mes journées.

    Bon, l’idée que j’ai et que je voudrais appliquer est de légèrement loucher vers la gauche, derrière le sale type, et de vite regarder une feuille mouillée aplatie sur le trottoir, ou de me perdre dans le plus beau bleu disponible alentours.
    Le truc, c’est qu’on n’y pense pas au moment « qui compte » !

    Merci, tant de mercis, Alexandre, de repêcher le monde avec votre tendresse sage quand on en est parfois à complōter la meilleure façon de se trucider (bien, fait, pas qu’un p’tit peu).

    katie

  8. Bonsoir Alexandre, et tout le gang ici que vous touchez,,,,

    Après avoir passé la plupart de ma vie aux États-Unis, je suis venue vivre dans ma ville natale, à l’essai.
    Je savais que de nombreux français sont très moqueurs et condescendants, mais pensais savoir faire avec. Eh bien, non. Malgré l’aide d’un optimisme forcené et d’une boîte à outils sans cesse renouvelée, je suis frēquemment heurtée à tord et à travers par des inconnus qui ne font que passer dans mes journées.

    Bon, l’idée que j’ai et que je voudrais appliquer est de légèrement loucher vers la gauche, derrière le sale type, et de vite regarder une feuille mouillée aplatie sur le trottoir, ou de me perdre dans le plus beau bleu disponible alentours.
    Le truc, c’est qu’on n’y pense pas au moment « qui compte » !

    Merci, tant de mercis, Alexandre, de repêcher le monde avec votre tendresse sage quand on en est parfois à complōter la meilleure façon de se trucider (bien, fait, pas qu’un p’tit peu).

    katie

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