Pharmacopée n°7

Maître Eckhart est à n’en pas douter un maître en détachement. Je m’évertue quotidiennement à me dépouiller de livres, de nourriture parfois, d’habits. Bref, je crois que l’attachement me lie toujours à l’extérieur, au matériel. Mais le suprême attachement, c’est celui qui me ligote à moi-même, au petit personnage que je crois être. C’est pourquoi je trouve un tonique rappel en ses lignes. Dans les Entretiens spirituels, il écrit : « En vérité, si un homme abandonnait un royaume et le monde entier et qu’il se garde lui-même, il n’aurait rien abandonné. » Pourquoi ne pas commencer par rire un petit peu du bonhomme que je suis et prendre un peu mes distances à son endroit ? Se détacher de soi par le rire, voilà qui n’est pas sans charme ! Encore ne faut-il pas s’attacher, même pas à ce joyeux chemin !

42 Comments on “Pharmacopée n°7”

  1. «  »Mais le suprême attachement, c’est celui qui me ligote à moi-même, au petit personnage que je crois être » »
    Sur le même problème, quelqu’un m’a dit un jour : peut-être manquez-vous d’humilité ? Peut-être vous vous donner trop d’importance….
    Et j’ai pensé qu’elle avait raison…

  2. Bonsoir Alexandre et Corine,

    Votre présence me rassure car « la nuit est bien noire et bien aveugle est le pèlerin. Je t’en prie, Tiens ma main » (Rabindranath Tagore).

    Le texte d’Alexandre me fait penser à un autre, celui de Jiddu Krishnamurti qui disait : « le détachement n’existe pas. Seul existe l’attachement. L’esprit invente le détachement par réaction face à la douleur de l’attachement ». Et puis de nouveau cela me fait penser à Alexandre qui a dit un jour en conférence: « maintenant que je me suis détaché de tout, de quoi devrais-je encore me détacher?………..Du détachement ! ».

    Peut-être faudrait-il trouver notre propre vérité, notre propre équilibre entre vie matérielle et vie spirituelle… Car si nous tuons le désir, la matière, nous tuons aussi la vie…laisser passer le désir, le laisser naître, accueillir son image chaque jour nouvelle, mais ne surtout pas le figer, ne pas vouloir l’enfermer, le retenir.

    Aimer la VIE, le fleuve de la vie qui charrie les âmes, les corps, les désirs, les colères, les haines, l’amour, la liberté, la compassion, la douceur…

    Prenez bien soin de vous, de votre jardin et de vos deux petites lumières.

    Pénélope.

    1. Merci Pénélope de me rappeler que le détachement n’a pas d’existence. En effet, le détachement c’est en vérité de la tristesse qu’on ne veut pas énoncer, montrer. De l’illusion trop longtemps nourrie qu’on ne veut pas lâcher. De la vie (même illusoire) qu’on a vécue et qu’on perd. Accueillir cette tristesse avec humilité et tendresse et non pas vouloir le
      détachement, c’est s’ouvrir à la joie. Joie de vivre une vie authentique et bien réelle.

      Bien à vous
      alors la joie pointe son nez.

    2. Vous avez raison: le vrai détachement ne vient que lors du grand âge quand on n’a plus rien à perdre et que la vie nous apporte plus de désagréments que de facilités : Alors on se détache comme un fruit mûr qui va retourner à sa source. Ou quand on a une nature de Saint ou d’ermite ;
      Finalement ,la vie nous enseigne à nous détacher de tout ce qui -avec la sagesse -nous apparaît secondaire et pas indispensable à la vraie paix du coeur Entre temps ,il faut profiter des petits plaisir que la vie nous donne pour supporter les moments plus difficiles…et aussi nombreux qu’ils se présentent ( si l’on n’est pas masochistes )

  3. Le détachement d’Eckhart est au-delà de l’acte, il saisit l’être. Il faut se détacher aussi des images, même des grandes images de dieu fabriquées en nous. Et tout ceci a un but : enfanter le verbe en nous en devenant par grâce ce que Dieu est par nature ! Vaste programme. Quant à l’humilité, ce n’est pas l’humiliation. Être heureux d’être soi, et heureux que les autres soient ce qu’ils sont, c’est le premier pas. On n’a jamais vu deux vertus s’opposer. La joie est le premier pas vers l’humilité. Puis la colère contre tout ce qui est mauvais, sans distinguer entre soi et les autres. La sainte colère, calme et bienveillante, joyeuse et entièrement constructive. C’est tout cela aussi le détachement, car tout va par paire antinomique surtout chez Eckhart, et le détachement n’est rien sans l’amour. Eckhart le dit dans « l’oeuvre des sermons » : qui peut prétendre aimer son prochain en ne s’aimant pas soi-même ?

    1. je suis peintre, il y à plusieurs année j’ai fait un livre d’artiste sur les sermons de Maître Eckarti il parle beaucoup de l’image ,en effet,c’est un vrai poète!

  4. Mais peut-être qu’en s’aimant trop soi-même, on a peur de se perdre, on a peur de la mort… d’oû une souffrance extrême à la pensée de celle-ci.
    Voilà pourquoi la réponse donnée a été : peut-être vous donnez-vous trop d’importance….
    Finalement, nous ne sommes que des maillons de la chaine………

  5. Opus Sermonum VI 4b, 75 :… l’amour, ou la charité est comme la chaleur dans le feu, ou se tenant sous la forme du feu, là où il n’a rien de la crainte : aucun penchant, aucune propension à ce qui est contraire ou opposé. Il se tient là, sans peur, en complète sécurité naturelle. Une chaleur de ce genre n’est jamais enlevée, ni ne retombe, et ne diminue pas non plus, de la forme du feu, si le feu demeure vraiment sous sa forme substantielle. Or la peur est toujours celle d’une certaine retombée. C’est pourquoi, dans les choses réchauffées ou ardentes, la chaleur possède toujours un penchant et une possibilité vers son opposé, un mélange à celui-ci, et, de la sorte, une crainte ou une peur de son penchant naturel, ou de son hésitation venue de son opposé, et dirigée vers son opposé. En effet, une telle chaleur des choses réchauffées, supposons de l’eau chaude, n’est pas une chaleur sous la forme, mais avant la forme du feu : chaleur encore en approche et devenir hors de la forme du feu. Et c’est cela qui est dit : « la parfaite charité rejette la crainte au dehors », et en plus : « Celui qui craint n’est pas parfait dans la charité ».
    Opus Sermonum XLVII, 492 : L’homme est rendu pour ainsi dire déiforme par l’amour parce que « Dieu est amour » (Jn. 4, 8). Ainsi, Augustin, dans La Discipline Chrétienne, a dit de telles gens : « Je veux te dire d’aimer ton prochain comme toi-même, mais j’ai peur. En effet, je veux encore discuter de la façon dont tu t’aimeras toi-même : ne m’en tiens pas rigueur ! » « Tu es un seul homme, et les prochains sont nombreux. » C’est comme s’il disait : « Si tu ne sais pas en aimer un, de quelle manière en aimeras-tu beaucoup ? Si tu ne sais pas t’aimer toi-même, comment serait-il probable que tu en aimes un autre ? » Et il poursuit : « Si tu aimes l’iniquité, tu détestes ton âme. Comment voudrais-tu qu’un prochain te soit confié pour l’aimer comme toi-même, toi qui te détestes ? Si tu te perds, vraiment, tu vas te perdre, et lui avec, lui que tu aimes comme toi-même ! Je ne veux donc pas que tu aimes qui que ce soit : ou bien péris seul, ou bien corrige ton amour, ou bien rejette la société. »

    Extrait de l’ouvrage de Me Eckhart, L’oeuvre des sermons, Cerf, 2010.

  6. Oui Alexandre, je suis d’accord avec toi (permets que je te tutoie). Un jour j’avais été profondément blessé par les propos d’un collègue, j’étais torturé, je ressassais ses paroles. Et j’ai décidé de me moquer de moi. J’ai pris mon journal et j’ai écrit en parlant de moi comme si j’étais un bébé; cela m’a guérit instantanément.

  7. Le détachement c’est aussi être le roi de l’univers quand je fais un pas, quand j’entends le roucoulement de la tourterelle, comme en ce momemt. Le roi et le royaume.

    1. Très apaisant…le roi de l’univers, ou l’incarnation pleine du carpe diem, non pas pour régner sur le monde, mais sur l’intégrité de notre espace de responsabilité.
      Nous n’avons qu’un seul devoir : celui d’être heureux…

  8. Bonsoir Alexandre,

    Je vous ai entendu ce matin à Radio canada avec Christiane Charette… je n’attendais rien, j’étais juste là à écouter par hasard… j’ai été surprise et happée par votre’ clairvoyance et votre humanité.
    Je ne vais pas bien en moi et je ressens une grande douleur que je combats .. mais votre discours, facon de voir ces choses, les blessures de ne pas chercher à combattre, ni à guérir (on n’en guéri pas) mais de « faire avec »… a trouvé écho en moi… il est arrivé ce moment où je viens de trouver une étincelle, une piste de réflexion, un sentier qui était surement là bien avant mais: je n’y étais pas sensible ! Vos paroles m’ont ouvert les yeux, l’esprit… merci beaucoup, je vais faire un petit bout en vous accompagnant car vous semblez pouvoir m’aider . Merci Alexandre et au plaisir de vous rencontrer ou vous entendre à nouveau, à Montréal, un de ces jours.

    PS Félicitations pour le nouveau bébé !!!

  9. Bonjour Alexandre,

    Je ne vous connaissais pas, je vous ai vu hier soir à la télévision et j’ai été impressionnée tout d’abord par votre immense culture, puis par vos idées, votre bonté et votre envie d’aider.

    J’ai bien du mal à appliquer vos « remèdes » philosophiques et la lecture de vos textes est parfois compliquée pour moi.

    Je m’aperçois que nous sommes nombreux et peut être que nous avons tous des douleurs à combattre.

    Mon père vient de mourir. Il préférait ma soeur. Je n’ai jamais osé rien dire. Je suis partagée entre le chagrin et la rancoeur.

    Je n’ai pas votre foi , je souffre et j’ai du mal à pardonner. J’y parviendrai peut être en vous lisant.

    Merci.

  10. Bonjour Alexandre,

    Nous voudrions que les choses durent, qu’elles soient permanentes.

    Nous voudrions que nos plaisirs, nos joies, nos passions durent. Nous voudrions posséder le temps.
    Or nous ne possédons rien car rien ne dure. Les objets s’abîment, les relations se défont, les désirs s’endorment, les corps s’usent, etc.
    Alors que faut-il faire ? Ne s’attacher à rien ni à personne ? Ne risque-t-on pas de devenir en ce cas cynique et désabusé, complète solitude ?

    Nous croisons des êtres sur notre chemin de vie et nous pensons que ce sont des bouées et souvent hélas il s’avère que ce sont des gueuses.

    Il vaut mieux apprendre à nager plutôt que d’attendre la venue d’hypothétiques sauveteurs.

    Je n’interviendrai plus sur votre blog Alexandre.

    Je continue à descendre le fleuve et j’observe les bois qui flottent, les rochers, les courants, les poissons, les plantes aquatiques, etc.

    Bonne route à vous. Je vous souhaite sagesse et sérénité sans la rencontre de ses effets lénifiants.

    Pénélope qui tisse le jour et détisse la nuit.

    1. Pour Pénélope (encore !),

      Attention le silence est une grâce et le mutisme un grand défaut. Ne reste plus qu’à distinguer
      l’un de l’autre.
      En tout cas ce que vous écrivez me touche, c’est donc que vous parlez et que vous ne bavardez pas. Merci

  11. A Pénélope

    Quelle écriture ! désespérée et … drôle.

    Dommage que vous n’interveniez plus, j’ai plaisir à vous lire.

    Je ne rencontre que des gueux et des gueuses, mais probablement que j’en suis une.

    Amicalement.

  12. Bonjour Louise,

    Pour ma part, je suis la préférée de mes parents. Mais cela ne m’a pas rendue heureuse pour autant. Votre bonheur n’a donc peut-être pas seulement été volé par votre papa. Car si vous aviez rencontré, par ailleurs, une figure paternelle admirable, chaleureuse et bonne, elle aurait comblé ce qui avait été laissé en manque.

    Je n’écrirai plus sur le blog d’Alexandre Jollien, mais je continuerai à le consulter régulièrement. Donc, je lirai vos commentaires avec attention.

    Le silence est la plus grande des grâces, rien ne le dépasse. La preuve : il enveloppe tous les mots.

    Prenez bien soin de vous.

    Pénélope.

  13. Lorsqu’on pense avoir tout abandonné, tout quitté, loin du monde et de ses « miroirs aux alouettes », je crois que d’une certaine manière, on fait exister ce monde encore plus fort !
    Se démunir, se détacher de ce qu’il y a de matériel n’est, je crois, qu’une illusion qui nous éloigne du véritable « essentiel » !
    Si l’essentiel est de ne se recentrer qu’autour de soi, il peut être intéressant d’atteindre pour certains le spirituel, une certaine admiration, fascination pour la part d’inconnue qui se cache en nous… mais bien loin de ce qui fait que nous sommes des êtres de savoir et d’échanges !
    Parce que je crois que, c’est véritablement « perdu » au milieu des autres, au milieu des vanités, des caprices de notre société qu’on peut alors trouver l’essence de notre « moi », nu, au regard des autres !
    Je trouve bien pauvre de se détacher des biens matériels quels qu’ils soient car ce ne serait qu’illusion de croire qu’ils contribuent à appauvrir notre connaissance de soi !
    Partager avec celle ou celui qui est en manque, qui souffre au quotidien, qui a un besoin viscéral de l’autre pour exister peut nous amener peut-être à nous démunir du véritable intérêt que nous portons à nous-mêmes et à se découvrir aux travers des autres.
    Alors, j’ai envie de dire que cette citation est fort juste et que le véritable détachement commence par l’intérêt qu’on porte à l’autre, dans la tourmente et le désespoir…

    Merci…:)

    Excellent dimanche et à bientôt !

    PS : « On se demande parfois si la vie a un sens… et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie. »
    Brassaï

  14. C’est ce qu’on appelle le détachement…:)
    Un commentaire à 11h00…
    Plus de commentaire à 12h00…!
    Il y a-t-il droit d’expression avec Alexandre Jollien ?

    Amitiés…

  15. Cher Alexandre,
    J’ai eu le bonheur de vous voir jeudi dernier chez Busnel. Votre livre, je l’ai fini. Merci d’avoir su écrire ce que j’ai été incapable de verbaliser jusqu’alors. Maitre Eckart et bien d’autre comme autant d’outils pour revenir en Soi.
    Savoir que d’autres sont aussi sur la voie, voilà la joie. Tous différents, tous uniques, mille chemins, un sommet. Se détacher du but, juste maintenant, écouter sa musique intérieure autant que faire se peut et ne pas juger. Se dé-tacher ou comment enlever les taches qui empêchent d’accéder à notre centre. Les prendre pour des amis, les accepter, comme autant de rappels à la conscience.
    J’aimerais vous avoir pour voisin.
    Joyeusement,

  16. Cher Alexandre,
    J’ai eu le bonheur de vous écouter jeudi dernier chez Busnel. Votre livre, je l’ai fini. Merci d’avoir su écrire ce que j’ai été incapable de verbaliser jusqu’alors. Maitre Eckart et bien d’autre comme autant d’outils pour revenir en Soi.
    Savoir que d’autres sont aussi sur la voie, voilà la joie. Tous différents, tous uniques, mille chemins, un sommet. Se détacher du but, juste maintenant, écouter sa musique intérieure autant que faire se peut et ne pas juger. Se dé-tacher ou comment enlever les taches qui empêchent d’accéder à notre centre. Les prendre pour des amis, les accepter, comme autant de rappels à la conscience.
    J’aimerais vous avoir pour voisin.
    Joyeusement,

    Unsui

  17. Je viens de commencer la lecture du livre « Le philosophe nu » et je souris de voir comment vous êtes tiraillé d’emblée dans votre discours, en filigranne il me semble, sur cette difficulté à se dire… Vaut-il mieux paraître Apollon, « tombeur » intarissable en verve et en séduction au regard des autres ou être soi, différent, condamné ( comme moi ) à faire partie du commun, somme toute banal, des mortels non « tombeurs » de tous ces regards de femmes, d’hommes qui succomberaient volontiers à mes charmes ?
    Je me trompe certainement car je n’ai pas encore lu la totalité de votre livre, et lorsque j’écris « je souris », c’est parce que je me reconnais à travers votre langage !
    La séduction, certes, mais avec tous les artifices.. pourquoi pas ?
    Je continues ma lecture et reviendrais déposer ici mes « impressions » fausses ou justes, peu importe, on s’en tape, mais dans le souci d’un véritable échange !
    Finalement et au bout du compte, c’est quoi l’essentiel dans une vie ?

    A bientôt M’sieur Jollien !

  18. Cher Alexandre,

    J’ai créé un fichier « Alexandre Jollien » dans mon ordinateur et régulièrement « je vous écris ». Souvent je vous lis. Aujourd’hui avec beaucoup d’hésitation, j’ose vous écrire directement.

    Pardonnez moi, un besoin impérieux de m’exprimer l’emporte.

    « Ma mère ne me parlait pas. Elle ne parlait et ne riait qu’avec ses clients. Le mot « client » est le mot le plus entendu dans mon enfance. Elle tenait le café de l’Abattoir. A choisir j’aurai préféré le café de la gare ou celui de la poste …

    La Psychiatre me fait faire des exercices : je me vois très bien vers l’âge de six ou sept ans dans ce lieu de travail, une salle de café et une cuisine.
    Je dois prendre cette petite fille dans mes bras (moi), la réconforter, lui parler et lui dire « je suis devenue quelqu’un de bien ».

    Voilà qui m’apaise. Mais est-ce vrai ? je ne voudrai pas décevoir cette petite fille.

    Je suis et resterai à vie, je pense, une handicapée de l’enfance.

    Le handicap physique est certes douloureux, le handicap moral l’est probablement tout autant.

    Amicalement.

    1. Ce que vous dites est touchant mais ce n’est pas réaliste car;
      -le passé n’est plus là et l’enfance non plus, mais si il continue à vous handicaper c’est que malgré qu’il soit passé il est présent et comment peut-il être présent le passé puisque il est passé?
      -par le souvenir, donc ce n’est pas le passé qui vous handicape mais le souvenir du passé.
      Mais les souvenirs ne sont pas tous handicapants car il y en a d’agréables et il y en a des désagréables, alors comme un souvenir deviens agréable ou désagréable?
      Un souvenir peut être agréable ou désagréable par la manière dont on l’ évalue, de fait votre souvenir du passé vous handicape encore par la manière dont vous l’évaluez qui peut être; handicapant, pas handicapant, indiffèrent.
      Ainsi c’est la manière d’évaluer votre passé qui vous handicape le présent et non le passé en lui même, alors?
      Alors il suffirait de modifier la manière dont vous évaluez le passé pour qu’il ne vous handicape plus et qu’il devienne un souvenir qu’il vous indiffère et non handicapant.
      Et comment qu’il faudrait faire?
      Il existe différentes manières dont; ôter toute la responsabilité de votre passé à qui que ce soit car personne est parfait et si dans le passé vous avez souffert c’est la vie qui l’a voulu et personne d’autre et si vous attribuez la faute à des personnes dite vous qu’elles ne l’ont pas fait volontairement .
      Le pardon pourrait aussi être une manière d’effacer le passé.
      Ou encore cherchez à oublier le passé car un passé désagreable est-il utile de conserver?
      bonne journée.
      g.

      1. Merci giuseppe.

        Je viens de lire un texte édifiant sur la relation enfants-parents :
        « L’enfant rompt dès l’enfance avec sa mère sans un mot, sans une lettre, en catimini, sournoisement.
        Les garçons naissent usuriers, impitoyables, griffus.
        Les filles ne valent pas mieux avec leurs sourires aux dents recourbées comme des pieds-de-biche.
        Les enfants naissent facture en main et vous pouvez toujours payer, les intérêts galopent loin devant vous comme un troupeau de chevaux sauvages.
        Nous endurons notre souffrance avec les intérêts prohibitifs que font payer les enfants à leur mère ».

        (Et le père ? il n’est pas cité, encore une fois il ne s’agit que de la mère)
        Je me sens concernée mais est-ce aussi parce que j’ai moi-même honni mes parents ?

        Il me semble qu’un long travail m’attend …
        L.

        Je dois avouer que j’ai honni mes parents, ma mère plus particulièrement. J’ai donné l’exemple, aujourd’hui mes enfants me jugent et me critiquent.

        1. Chère Louise je ne connais pas l’étendue des dégâts ni la personnalité de votre maman mais je pensais en vous lisant et en lisant la réponse de Giuseppe que les enfants manquent de compassion pour leurs parents, parfois. Manquent parfois même de jugement par rapport aux difficultés de certaines situations. Ils peuvent parfois être parfaitement injustes avec leur parent voire, je ne parle pas de vous en particulier, voire être odieux et totalement égocentrique montant quelques réels défauts de leur parent en crime. Sans aller jusque là je dis qu’il faut se méfier de soi et de ses jugements sur les parents d’autant plus si votre parcours a encore tant d’impact sur votre équilibre personnel. Se méfier de soi, savoir se remettre en cause, ce n’est pas dire « tout est de ma faute », non, c’est juste analyser le problème sous un angle, son angle à soi. Il se peut que votre mère soit ou ait été un personnage parfaitement odieux et vous la plus compatissante des filles, peu importe, ce qui compte maintenant c’est de comprendre, pas forcément pour « pardonner », on s’en fiche, mais pour vous rendre la paix. Ce qui compte ce n’est pas de règler des comptes, de près ou de loin, mais votre équilibre intérieur, en usant de la compassion comme compréhension du monde, en accordant à votre mère (et à vous même) l’indulgence qu’elle ne mérite peut être pas. Comprendre et être indulgent ce n’est pas être aveugle, c’est mieux pour vous, déjà. Et peut être découvrirez vous que à la place de votre mère, peut être, vous n’auriez pas fait mieux. Pardon de m’exprimer aussi librement je ne cherche pas à vous juger ni à vous indiquer une voie mais juste à vous offrir une occasion de méditer sur votre situation.

          1. Merci infiniment Hansitrois,
            Vous avez peut être raison, mais je crois que vous avez ouvert une voie, celle où à la place de ma mère, j’aurais fait la même chose. Je n’ai jamais imaginé que je pouvais être une telle mère.

            Je sais, que comme elle, j’ai été une mère froide et distante, je dis « avoir adoré » mes enfants mais cet amour ils ne l’ont pas ressenti, parce que je n’ai pas su l’exprimer ? Mon fils dit « qu’il ne s’est pas senti aimé » Aujourd’hui je le vois peu et il peut être très agressif avec moi ! Ma fille est en analyse depuis cinq ans, elle souffre d’un manque d’estime de soi, de la peur de l’abandon, elle est fragile psychologiquement. Nous sommes très proches, mais je culpabilise.

            Ma mère est morte de la maladie d’Alzheimer, en 1997, dans des conditions atroces, et même là je n’ai pas pu ou pas voulu me rapprocher d’elle. Elle ne supportait pas les contacts, même enfant, elle ne me touchait pas, ne m’embrassait pas (je n’embrasse pas ma fille). Très secrète, elle ne parlait pas, j’ignorais tout de son passé. Mais aujourd’hui, en ravivant la blessure, je pleure en pensant à elle, je ne veux pas culpabiliser de ne pas lui avoir pardonné de son vivant et d’avoir été avec elle (comme mon fils !) une adulte indifférente.

  19. A Louise,
    Je suis également une handicapée de l’enfance. Battue, brimée par un père macho, alcoolique et violent, voilà ce que fut ma vie. Je suis seule à présent, sans famille, pas d’enfants, pas de maris, même pas d’animaux domestiques!!! Hou là là!! Si, si, je vous assure, je suis normale ou bien anormale… Ché pas!! hi, hi! Mais comme le dit si bien Alexancdre, patience, persévérance et humour!!! A suivre!

  20. Certes le rire est une excellente thérapie et celui qui y arrive c’est qu’il est déjà bien avancé dans la sagesse, par ailleurs sans pour autant se dépouiller de tous les biens relativiser la valeur des biens dans le regard et la manière est déjà bien, l’important n’est pas tant dans les biens mais dans la valeur que nous attachons aux biens.
    g.

  21. à prendre bien sûr au second degré ce proverbe zen …
    « Un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche »
    Michel Audiard

  22. La lecture de cette pharmacopée m’inspire deux réflexions.
    La première porte sur le détachement. On reprochait, on lui reproche encore parfois, à Sénèque, sage stoIcien, son immense richesse. On y voit comme la preuve du manque de profondeur de sa sagesse. Je trouve ce jugement hâtif. Sénèque engagé dans la politique savait que son parcours finirait dans le sang et qu’il ne lèguerait sa fortune à personne et que sa famille probablement serait anéantit avec lui. En réalité le détachement est un détachement intérieur et non un détachement forcément matériel. On peut être pauvre et attaché aux biens matériels et riche et totalement indifférent aux possessions.
    Autre réfléxion à propos du détachement de soi, de la modestie… Les chrétiens accusaient les philosophes d’être des orgueilleux. A juste titre, mais on peut répliquer que l’humilité a souvent été un moyen d’asservir les gens, spécialement les femmes, au pouvoir du clergé. En tant qu’athée je n’ai d’humilité que devant la force de la Nature car je ne suis pas de taille, mais cela ne m’empêche nullement de vivre ma vie avec la fierté d’un coq sur son tas de fumier. Qu’est-ce que gagnerait un coq à pratiquer l’humilité ? Je veux dire que l’humilité n’est pas une vertu en soi, comme a du dire Nietzsche c’est une vertu d’esclave, on ne plie que devant la Beauté et la Puissance infinie et éternelle de l’Univers. Mais entre gallinacés pourquoi devrais-je pratiquer l’humilité, la gentillesse suffira.

  23. Se détacher afin de se libérer de nos liens. Ligotés avec l’attachement si je peux dire est une prise de conscience que nous sommes plus que la prison du corps. C’est simple. Nous nous incarcérons dans des limites très réductrices et intérieurement, spirituellement, nous sommes tellement plus grand…l’égo , l’avidité, et l’attachement sont ces liens qui nous retiennent en otage..
    et quelle est la rançon du Bonheur?
    Etre Soi et pas ce que nous croyons être…
    se libérer dans l’étreinte de notre âme en vivant et maintenant..
    Namasté

    1. Etre soi et pas ce que nous croyons être dites vous, Mademoiselle Subtile. Je vous appelle Mademoiselle parce que j’aime bien votre pseudo Subtile…. Etre soi… Moi ça m’a toujours posé un gros problème dès l’adolescence, je changeais toujours d’avis, à tous propos, et mes désirs flottaient au gré des fleurs printanières… J’ai toujours eu le soupçon que ceux qui prétendaient savoir ce qu’ils veulent d’être des imposteurs ou des naïfs. Ceux qui disaient « Je suis prêt pour mes examens »… Je me disais « Comment peut-on être prêt ? Que veut-il dire par là ? On peut toujours en faire plus »… Bref pour moi l’esprit, étroitement lié au corps est par nature changeant, instable… Dans ces conditions, pour ce qui me concerne j’ai autant de mal à comprendre ce que Etre Soi peut signifier que « ce que je crois être », je crois rien justement… Est-ce grave docteur ? C’est au coeur de cette instabilité que je navigue comme un fou sur un océan cruel (Grateful Dead « Ship of fools »)

  24. Quelle bonne idée d’arriver à rire de soi !!
    Ce qui est demandé c’est de ne pas s’attacher exagérément aux choses matérielles et même aux autres êtres et non de se priver de tout ;de ne pas accumuler les richesses .
    La seule chose que nous demande le Christ est  » d »aimer notre prochain » et St Paul enfonçait le clou : « si vous donnez tout et que vous n’avez pas l’Amour vous n’avez rien »Donc : ne pas accumuler les biens matériels mais savoir les partager .
    Bref , sachez rire de vos petits travers -dont vous êtes très conscient- ne vous complaisez pas dans vos manques(vous n’y pouvez rien) et apprenez à voir les autres car vous vous connaissez fort bien vous même.
    La Joie n’est pas loin….Bonne chance Alexandre

  25. la vie est faite de manière pour qu’elle soit difficile, mais aussi elle ne pense qu’ a une chose récupérer ce qu’elle nous a donnée. En somme, nous sommes que le fruit de la vie une fois mûre elle tombe et laisse la place aux autres.chaque fruit à sa particularité, son aspect etc c ‘est en regarant derrière sa peau et en le dégustant qu’on contaste ce qu’il est vraiment mais au final il y aura toujours un goût inachevé et en finalié ça ne restera qu’un fruit , donc l’humain restera ttoujours humain qu’elle que soit son aboutissement on n’est né poussière et on le restera toujours on n’a eu juste la chance d’être la où nous sommes et le temps nous rattrape et nous dévore sans se poser la question car il sait pertinemment que nous sommes rien mais plutôt le reflet de sa volonté.

  26. St Paul disait dans sa magistrale tirade sur l’Amour « si un homme donne tout ce qu’il possède, s’il n’a pas l’Amour, il n’a rien »
    Bien sûr il faut acquérir envers soi-même le même regard perçant et ironique que nous jetons sur notre prochain :c’est le début d’une saine introspection …nos politiques font souvent de gros progrès quand ils réfléchissent sur la façon dont les humoristes les voient …et les font voir à leur public.

  27. Je conçois mal pourquoi vous décidez de vous priver de vos petits bonheurs..et même de nourriture- à moins d’être mûr pour un séjour en ermitage ..ou dans une grotte perdue dans la montagne .
    Quand on a compris qu’il faut accueillir la vie comme elle se présente,c’est avec reconnaissance qu’il faut recevoir les menus plaisirs sur notre route .Il n’est de privation qu’à bon escient ( si j’ai décidé de faire un beau voyage et que j’apprends que mon fils aurait besoin de la somme pour payer un stage indispensable aux études de son enfant…je renonce à mon voyage mais ,pour moi, il ne s’agit pas d’une privation mais d’un choix dicté par l’amour et par l’urgence )
    Les petits bonheurs sont disséminés sur le chemin pour aider à supporter les tracas à venir.C’est pour cela qu’il est indispensable d’en être conscients et de dire merci à la vie.Et ne vous privez pas de nourrir votre corps qu’il faut entourer de soins: c’est lui qui vous porte…Même si ,parfois, vous avez l’impression qu’il vous traîne !!!
    En avant ! et profitez bien de votre gentille famille ,de vos amis et de vos étudiants et de tous ceux- dont je suis- qui apprécient votre honnêteté d’esprit et la profondeur de votre recherche et la beauté de votre style….et faites, surtout, que vos conseils éclairés ne soient pas d’un plus grand secours aux autres qu’à vous mêmes…

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