Pharmacopée n°44

Edmund Husserl a dit : « J’ai fait le vœu de pauvreté en matière de connaissances. » Le père de la phénoménologie m’invite aujourd’hui à revisiter ce que je crois savoir pour ne garder que l’essentiel. Et il ne reste pas grand chose, au final. Je crois savoir, je crois connaître là où il n’y a qu’une énigme. Faire le vœu en matière de pauvreté de connaisances n’est certe pas sombrer dans l’ignorance mais déjà lâcher quelque peu tout ce que je crois connaître. Pour l’heure, je vais déjà faire le vœu de pauvreté en matière de prévisions, de projections. Tous mes plans sur la comète, toutes mes affabulations sur le futur, bref, tout ce qui m’empêche d’être ici et maintenant, je veux m’en dépouiller allègrement.

17 Comments on “Pharmacopée n°44”

  1. Bonjour Alexandre,

    Cela résonne en moi de la sorte, essayer de ne jamais rien enfermer, ni le présent à-venir, ni les personnes que l’on côtoie (que sais je d’elles réellement d’ailleurs si ce n’est les idées que je m’en fais, ou le savoir que je crois avoir de l’autre ?). Acquérir l’attitude juste me semble le chemin de toute ma vie … c’est une attitude qui nécessite une implication de soi dans chaque pensée, chaque geste, chaque instant. C’est très libérateur lorsque j’y arrive … reposant même, je considère ce chemin comme un chemin d’accueil de la vie en profondeur.
    Bien à vous,

    Eliane

  2. Est-ce que ELOGE DE LA FAIBLESSE existe en Anglais et Hollandais. Quels sont les titres?

    Merci de votre brève réponse.

    Meilleures salutations.

    J. Eggimann

  3. Gérer ses pensées pour aller à l’essentiel…. pourquoi est-ce si facile à dire, à comprendre et si difficile à mettre en pratique ? Il me semble que plus nous nous compliquons l’existence, plus nous avons l’impression d’exister alors que c’est en réalité ce qui nous empêche d’être en harmonie avec notre nature profonde.
    Merci Alexandre de nous aider, à tamiser toutes ces dérives de l’égo, et à nous rapprocher ainsi du vrai sens de notre existence.
    Valeurec

  4. « Le passé n’existe plus, le futur n’existe pas encore. Il n y a que le présent qui est. » voilà ce que je tire de cette réflexion sur la citation de Husserl. Et c’est la dernière partie de votre texte qui m’inspire le plus.

    Merci

  5. Ma seule ascèse, c’est de renoncer a la parole, et de ressentir le mental qui pousse, compulsif…  » ce que je sais se laisse dire en trois mots  » ( WIttgenstein)

  6. Bonjour Alexandre,
    sais-tu que dormir avec mon mari et un livre de Maître Jollien à proximité, cela me calme et me rassure, qu’un être aussi lumineux puisse exister… 😀

  7. Bonsoir Alexandre et ceux qui me liront !

    L’essentiel dans la Vie est pour la majeure partie des humains est de rester en vie et ce, le plus longtemps possible. Et si, a contrario, l’essentiel n’était pas après la Mort ?

    L’essentiel est a priori ce qui reste après s’être débarrassé du superflu. « Bienheureux les pauvres et les simples d’esprit » ? dit la Bible. L’intelligence est-ce du superflu ?

    Bonne soirée.

    1. Je ne suis pas d’accord avec vous, Chrissfreevoice… c’est vrai que les humains cherchent à vivre le plus longtemps possible, j’en fréquente beaucoup par ma profession dans le milieu médical, mais pour quelle qualité de vie? devenir nonagénaire ou centenaire, oui! mais pour autant qu’il y ait encore une certaine qualité de vie relationnelle et physique sans trop de dépendance. Peut-être que l’échéance de la mort terrestre fait peur à beaucoup?
      Pas d’accord avec votre compréhension de la béatitude « bienheureux les pauvres en esprit…. » c’est plutôt ceux qui se savent pauvres en Esprit, qui sont humbles (=petits) devant Dieu,
      le royaume des cieux est à eux….
      ce n’est pas une question d’intelligence superflue ou non… on peut être intelligent…il y tant de formes d’intelligence ! et vouloir rester humble, non? c’est comme cela que je le comprends.

  8. La substance de la vie, c’est le présent. Dans une existence où nous ne maîtrisons que si peu de « choses », ce précieux moment est le seul dont nous pouvons décider quelque soit les événements auxquels nous sommes confrontés. Essayer d’être sincère envers soi-même et envers les autres…être soi-même, si tant est qu’on sache qui l’on est, cela m semble déjà une énorme avance. Et je suis tout à fait d’accord avec vous : faire des projections, « des plans sur la comètes », nous expose de manière encore plus sensible aux aléas de la vie…Avoir des projets, à notre propre échelle, peut a contrario, lui donner du sens…

    Merci pour toutes les idées que vous dispensez au travers de votre propre expérience !!
    Personnellement, ces idées me touchent profondément !

    Très cordialement,

    Valérie

  9. « Faire le vœu de pauvreté en matière de prévisions, de projections. » Ne plus tirer de plans sur la comète pour vivre pleinement « ici et maintenant ». Oui, Alexandre, là est la voie de la sagesse. Je vous remercie encore et encore, parmi tant d’autres de vos lecteurs, pour cette humanité qui se dégage de vous et qui nous rassure au sujet de la nature humaine.
    Je sais que vous n’aurez pas le temps de répondre, étant donné vos nombreuses « occupations » et sollicitations, mais comme vous prenez le temps de lire tous les messages, je me permets de vous suggérer un petit thème de réflexion, qui au premier abord peut paraître banal, « vivre la solitude après un divorce », mais qui concerne des milliers de gens. Votre pharmacopée doit permettre d’y répondre, mais pourrait-on aborder une fois le sujet directement et sous quel angle ? Vous ne l’avez pas vécu vous-même (j’ai 18 ans de plus que vous), et vous ne le vivrez sans doute pas étant donné votre élévation d’esprit.
    C’est un thème que j’ai abordé avec un « ami dans le bien » de longue date, qui lui-même n’a pas vécu le divorce et ses conséquences.
    « Vouloir vraiment le bien de l’autre », ma faible élévation spirituelle du temps de mon mariage ne m’a pas permis de le vivre et de le donner. Le résultat est que malgré l’amour inconditionnel que je voue à mes trois enfants, le divorce a conduit à un manque abyssal de vie au foyer, de partage et d’affection, à un éloignement de fait vis-à-vis de mes enfants, et aussi des personnes en couple, et par conséquence à une solitude imposée, certes propice à la méditation mais plus souvent à la rumination par rapport au passé et à un avenir incertain.
    Comment dans ce cas particulier, aller contre, comme vous le dites « cette habitude viscérale qui se focalise sur ce qui ne va pas » et qui peut conduire certains, lors d’un moment de perte de force de vie, à commettre l’irréparable ? Merci, Benjamin

    1. Bonsoir Benjamin,

      Je lis votre message et j’aimerais vous repondre ceci à votre interrogation : Comment dans ce cas particulier, aller contre, comme vous le dites « cette habitude viscérale qui se focalise sur ce qui ne va pas » et qui peut conduire certains, lors d’un moment de perte de force de vie, à commettre l’irréparable ? …
      Je ne crois pas qu’il faille aller contre … mon expérience personnelle me fait vous dire que j’ai trouvé en moi la lumière au milieu des ténèbres en acceptant ce qui était là présent et en acceptant de vivre les émotions qui parfois me submergeaient … dans une respiration au milieu du désespoir la lumière a surgi seule … le lâcher prise et la confiance je crois peuvent éviter le passage à l’acte bien regrettable quand il arrive. Apprendre à ne pas se juger pour ses erreurs, apprendre à accepter cette part d’humanité qui fait que la vie est composée d’expériences … Chaque jour est source d’apprentissage. Notre rythme est unique et propre à chacun … les couples qui se ratent dans les rencontres sont des couples qui ne sont pas au même rythme. Doit on se flageller pour cela ? S’en vouloir à vie ? non … il est bon d’apprendre à accepter les bonnes expériences et les moins bonnes … sachant que toutes ont quelque chose à nous apprendre et qu’elles sont là pour nous faire grandir en amour ! amour de soi, amour de l’autre . Voilà je ne sais pas si ma réponse vous aidera Benjamin, bon courage à vous. J’ai appris à découvrir le trésor de la solitude et j’adore le silence, j’adore ce lien à soi-même que permet la méditation, et le silence. Bonne et belle soirée à vous,
      Bien cordialement,
      Eliane

  10. je vous ai découvert grâce à l’émission de François Busnel sur France Inter de même c’est aussi à cette occasion que j’ai savouré les propos de Monsieur Robert Misrahi aussi Phiosophe de la joie ! jj’avais envie de vous témoigner toute mon admiration pour votre intelligence vive et vous souhaite une vie pleine de bonheur ! Sincèrement Françoise

  11. Bonjour Alexandre,

    Je lis cette pharmacopée et en ce qui me concerne je peux dire que j’ai surtout besoin de faire le voeu de pauvreté en matière d’illusions…ça met un certain temps…et même si mes illusions concernent le moment présent elles aussi me freinent pour vivre sereinement ici et maintenant…Merci Alexandre de m’aider par tes mots à m’en « dépouiller allégrement »
    Amicalement

    Josiane

  12. Lacher prise : j’ai souvent des doutes. La vie, c’est aussi l’obstination et l’envie.

    Il est vrai aussi que la reflexion philosophique aboutit souvent à une torture mentale (de par mon expérience qui n’est pas celle de tous), en particulier sur les questions ontologiques et métaphysiques. J’ai acquis la conviction que l’Homme n’est pas équipé physiologiquement et intellectuellement pour résoudre ces questions. Et là, le lacher prise s’impose.
    Il reste à vivre, avec une éthique humaine, simplement, qu’il pleuve, vente ou fasse beau.

    Amicalement
    PhL

  13. Il est vrai qu’il est osé de « tirer des plans à long terme sur la comète ».A la lecture des journeaux, nous serions même tentés de rester enfermés chez nous sans bouger: recevoir une salve de fusil d’un ivrogne, voir sa maison et son entourage balayés par un torrent furieux, sa famille prise en otage par des terroristes..e.t.c
    Cela ne doit pas nous paralyser et voilà plusieurs mois que notre Alexandre médite son voyage (dangereux ?) en Corée..
    Ne pas se laisser aller à un pessimisme paralysant,et à un moment changer d’itinéraire pour donner à sa vie une nouvelle orientation ,,cela demande du courage de la réflexion et le sens des responsabilités .Une fois qu’on est sur de soi, il faut savoir oser avec espérance .Alors « bon vent Alexandre

  14. Sur Google, j’avais tapé  » être soi allégrement » et je tombe sur cette page! Magique, je ne crois pas en dieu, mais il doit quand même y avoir des anges gardiens. C’est exactement ce dont j’avais besoin: un mélange de quête de sens et de poésie, si vrai si juste. Merci bon dieu

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