Pharmacopée n°20

Dans Libre de soi, libre de tout, Shunryu Suzuki a dit : « quand on attend rien, on peut être soi-même. C’est notre vie, vivre pleinement chaque instant. »

Et s’il s’agissait peut-être même de ne pas attendre d’être sans attentes ? Le perfectionnisme tue la vie et diffère l’occasion d’adhérer au monde. Je peux adhérer à la réalité avec mes contradictions, mes faiblesses et mes manques. Être là, simplement là. Et si mon regard se braque sur le futur, ce n’est pas un problème. Il fait partie du réel. Être là, présent au monde, c’est être totalement là. Ne pas vouloir repousser quoi que ce soit en nous. Et s’il y a des maux en nous, je devine qu’il s’agit plus de les laisser partir que de les chasser frénétiquement.

6 Comments on “Pharmacopée n°20”

  1. Bonsoir,
    Etre sans attentes me semble difficile dans notre société, tendre vers moins d’attentes me paraît une bonne chose, reste à alléger le poids de nos exigences envers la vie…
    Merci pour cette pharmacopée et les commentaires des internautes qui m’apportent des pistes de réflexion.

  2. L’attente nous projette à l’extérieur de notre être intérieur et dans un temps en dehors de l’existence puisqu’il n’est pas le présent et qu’il est un futur plein d’illusions.
    L’attente est une croyance qui nous aliène, nous aimante, nous fait souffrir et nous donne l’occasion d’avoir une bonne raison de nous empêcher de vivre ce qu’il est urgent de vivre, dans notre présence au monde.
    Notre position d’esclave dans l’attente nous met également en position de victime, d’où d’impasse : je souffre d’espérer (Spinoza) mais nul autre que moi ne peut apaiser cet état; je suis dans le déni de ma peur d’affronter la vie ici et maintenant et l’attente me permet l’évitement de voir ma part d’ombre et ma part de douleur; il arrive que je me mette en colère si rien ne se profile à l’horizon de mes chimères et vais en accuser le monde, la vie, les autres, l’Etat…..
    La vie rayonne lorsque nous tendons vers le refus d’être tiraillé par l’espoir mais plutôt d’être transcendé par l’espérance.

  3. Quel repos de ne rien attendre !!Faire ce que nous disent notre âme et notre coeur sans demander de la reconnaissance et courir après les résultats- qui ne dépendent pas de nous- ..
    Un ami me pré venait : « n’attend rien de celui à qui tu donnes :un autre te le rendra  » Comme cela s’est avéré vrai !!
    Nous faisons tous partie de l’Univers , chacun avec ses particularités propres: ses atouts et ses faiblesses et, tous, sont utile au » Tout ».
    Le Christ disait que l’humanité » forme le corps dont il est la tête » et que la moindre partie de ce corps a son sens et son utilité .C’est cette singularité qui donne à chacun son prix.Cela n’empêche pas de chercher à s’améliorer pour mieux participer à l’oeuvre commune: promouvoir le règne de l’Amour mais sans exiger de nous mêmes l’impossible et sans se comparer : c’est la sagesse!

  4. « quand on attend rien, on peut être soi-même. »… »Et s’il s’agissait peut-être même de ne pas attendre d’être sans attentes ? »

    Lumineux paradoxe, parce que l’attente, c’est être comme à l’extérieur du temps, suspendant le présent. Et il ne s’agit pas d’être hors du hors, mais simplement dedans, dans le présent. et le présent, ça reste quand même le futur en marche.

    Etre présent, ce n’est donc plus s’attarder sur le présent, vouloir l’arrêter et se mettre dans un vain état de perfection. Etre présent, ça reste une marche bien humaine, chargée de ce qui fait l’homme , plein d’émotions de pensées, voire de contradiction, mais une marche où chaque pas compte, à l’instant où il est en train de se dérouler. Le chemin reste dans le cheminement, dans le serpentement du quotidien et ses arabesques.

    L’acceptation, ce n’est pas la capitulation ou l’absence d’espérance. C’est prendre ce qui est pour ce que c’est plus que pour ce que ça fractale à l’infini de représentation. Il ne s’agit pas de renoncer à vouloir ou espérer. Il ne s’agit pas d’abandonner ses projets ou ses rêves. L’acceptation, c’est d’admettre que ce que produit mon esprit ne détermine pas le monde, ce n’est qu’un élément, tantôt crucial, tantôt insignifiant, de sa création constante.

  5. J »ai fini par me rendre compte ,avec l’âge, qu’il était sage de ne rien attendre,jamais, quoique je donne à qui que ce soit : Ce que je donne à l’un, c’est un autre souvent qui me le rend et la plus part du temps quand je ne m’y attend pas ou plus.Fais ce que tu dois sans aucun calcul le reste ne dépend plus de toi. La Vie se charge de réparer les injustices: il faut avoir confiance en elle pour garder sa joie et agir dans le faire et non dans l’attente.

  6. Etre sans attente, c’est aussi être sans espérance, sans désir.

    Je suis perplexe par cette approche qui veut réduire l’humain uniquement au temps présent.

    La douleur impose d’espérer pour survivre et donc d’attendre aussi que nos actions portent leurs fruits.

    En résumé, je dirai qu’il faut être dans l’attente active, agir et chercher à construire. Et fuire l’attente passive. Réduire sa vie à l’instant présent peut être parfois insupportable…

    Cordialement
    Philippe Laisné-Auer

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