Pharmacopée n°19

Etty Hillesum a dit : « En excluant la mort de sa vie, on se prive d’une vie complète, et en l’y accueillant, on élargit et on enrichit sa vie. » Une vie complète embrasse tout. Hauts comme bas. Le paradoxe, c’est qu’il faut aussi assumer les rouets de l’existence. Ces moments de joie ou de bonheur, ces instants privilégiés exigent eux aussi un art de vivre. Il est peu de choix dans l’existence. Le libre arbitre n’est peut-être qu’une vue de l’esprit. Cependant, nous pouvons choisir, peu ou prou, quel mode de vie adopter.  Exclure les petits tracas de l’existence est impossible. Congédier la souffrance et la mort définitivement est inconcevable. Ouvrir les bras à toute l’existence, voilà la joie. Et que puis-je faire, ici et maintenant pour ouvrir un peu plus les bras ?

13 Comments on “Pharmacopée n°19”

  1. Peut être en pratiquant quotidiennement une gymnastique de son esprit…
    Ces mots d’Etty Hillesum sonnent justes.
    Merci Alexandre

  2. Tout revient à la définition que l’on se fait de la joie et du bonheur ainsi qu’a ce qui procure en nous le sentiment de bonheur et de joie.

    Les événements ne font qu’être, n’est-ce-pas la façon dont ont les traverse qui déclenche ici de la colère, là de la joie?
    pour reprendre Etty (que je découvre ce soir à travers cette pharmacopée et internet) : « La plupart des gens ont une vision conventionnelle de la vie, […], il faut avoir le courage de se détacher de tout, de toutes normes […] il faut oser faire le grand bond dans le cosmos : alors la vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de la détresse. »

    Il y a trois ans, j’apprenais que ma mère était atteinte d’un Cancer et que rien ne serait tenté pour la sauver .

    La rage, la colère, la haine, la tristesse se sont emparées de moi. la télé ne cessait de montrer les progrès de la médecine en la matière, les nouvelles thérapies porteuses d’espoir… et pour ma mère rien, c’était inentendable.

    La sauver à tous prix, c’était mon obsession, je passais tout mon temps à ça : lui trouver un remède.

    les mots de l’amitié sont parfois cruels, mais cruellement efficaces. un ami m’a fait le plus formidable des cadeaux en lançant ces mots insoutenables : » Arrête tes batailles, Don Quichotte! ta mère est mourante, demain elle ne sera plus, tu n’y changeras rien! » la douleur fut atroce : il tuait ma mère avant même que la maladie ne s’en soit chargée. Il m’enlevait tout espoir. comme je l’ai haï. j’ai été odieux avec lui, mais il est resté, il a subi. Il a ajouté: « quelle chance as-tu : la vie vous donne du temps, tu n’as pas le droit de le gâcher. »

    Comme il avait raison! un fois l’inadmissible admis, j’ai passé des moments merveilleux avec ma mère dans cette chambre d’hôpital. Conscient de son départ prochain, nous avons savourés chaque minute. puis un jour, lasse de la vie, elle m’a dit qu’elle ne voulait plus, mais qu’elle était heureuse de ce qu’elle avait vécue, heureuse et fière.
    elle s’est éteinte ce soir là, et contre toute attente, dans ces heures sombres, moi aussi j’étais heureux.

  3. J’ai juste envie de vous citer cette phrase de Christiane Singer :  » Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes ».
    Ouvrir très grand les bras, c’est laisser advenir les noces de la vie et de notre être, de notre être et de la terre. S’émerveiller, tout comme philosopher (encore et puis encore), c’est embrasser la réalité entière de l’existence et aussi se sauver de l’obstacle qui est en nous.

  4. Bonjour,
    Je vous ai découvert lors d’une émission littéraire, et je vous ai beaucoup apprécié. Je suis en train de lire « Le philosophe nu » emprunté à ma bibliothèque, mais que je vais acheté, il faut que je l’ai sous la main pour pouvoir le relire.
    J’ai découvert dans ce livre que votre chemin vous a conduits jusqu’au Zen, je me permets de vous conseiller le livre ci-dessous :
    Le Livre Tibétain de la Vie et de la Mort de Sogyal Rinpoché, préface du Dalaï Lama
    qui est mon libre de chevet, et dans lequel je trouve souvent une réponse à mes questions.
    Cordialement,

  5. Je dis que la mort n’est qu’un instant car le passé est destrier soi, le futur est à faire, la mort est ce qui résulte de l’entre deux,un instant d’une vie de plusieurs années.
    slim

  6. (correction)
    Je dis que la mort n’est qu’un instant car le passé est derrière soi, le futur est à faire, la mort est ce qui résulte de l’entre deux, un instant d’une vie de plusieurs années.
    slim

  7. Emissions diverses en France sur Mitterand… DIscussion en 1981 sur le choix de la visite au Panthéon. Mitterand dit On va encore dire que j’aime trop les cimetières ! L’écrivain allemand Ernst JUNGER disait qu’il visitait toujours les cimetières des villes qu’il visitait. Mitterand dit un personnage adorait discuter à propos de la mort. Ma femme me dit Il devait être angoissé par la mort… Je ne pense pas… En fait dans nos sociétés on aime pas discuter de ce sujet précisément parce qu’il angoisse les gens… Et ceux qui aiment en parler sont plutôt, disons en général, des gens qui ne sont pas angoissés, mais interessés, par la mort. Je crois de façon générale qu’il importe d’avoir toujours à l’esprit qui nous sommes, quel est le destin prévisible d’un être humain. J’ai un principe que j’applique souvent à savoir qu’une fois le pire évoqué l’angoisse diminue…

  8. Etty Hillesum s’est aussi dit : « Voilà ta maladie : tu veux enfermer la vie dans tes formules personnelles. Tu veux que ton esprit embrasse tous les phénomènes de cette vie, au lieu de te laisser toi-même embrasser par la vie »…

  9. Le libre arbitre existe…mais dans le cadre plus ou moins étroit de ce qui nous est donné au départ de notre vie et de ce qui nous advient tout le long de notre chemin-et dont il faut être conscients ,dans la vigilance, pour bien choisir sa route.

    Ouvrir les bras à tout -dans la confiance-est source de paix du coeur puisque cela mène à se sentir aimés et guidés dans les plus petites choses ,et ,donc, à la joie en effet .

    Ouvrir un peu plus les bras ,c’et s’ouvrir de plus en plus aux autres, créer le plus de liens possibles pour se sentir reliés à Tout et faire, modestement de son mieux sans forcer sa nature -car, chacun a son rôle et sa spécificité dont il faut tenir compte pour ne pas se décourager .
    On peut toujours changer de route au cours du parcours qui nous est alloué..et c’est réconfortant Nous avons aussi le droit de nous tromper et de redresser la barre dans ce cas Alors : Vogue la galère et courage jusqu’au bout Alexandre .Amitiés

  10. oui il peut y avoir de la joie au travers de la mort et même beaucoup d’amour.
    je viens de perdre mon ex mari (oui mon EX ) dans des conditions dramatique: il c’est suicidé.
    nouvelle atroce à entendre, j’ai pleuré, crié et il a fallu l’annoncer à nos enfants!!!
    cela est un drame mais que de positif en retour.
    je considère mon mari comme une personne malade (du sans doute à son passé, son enfance) il n’a malheureusement jamais (ou si peu) trouvé la joie ici bas et ne supportant plus d’être , désespérant… il a commis son geste.
    2 jours avant il ml’a téléphoné me disant qu’il allait mal et moi qui d’habitude recevait ses appels avec agacement je l’ai écouté avec douceur essayant de l’encourager. qu’elle grace m’a enveloppé ce jour là pour que je lui dise des mots qui lui ont fait du bien ? et qu’elle joie pour moi de garder en souvenir ce dernier contact.
    il y a eu aussi ces obsèques , ce moment seule avec lui … tous ces petits moments douloureux à vivre mais ou beaucoup d’amour sont passé. mon mari est parti à sa dernière demeure entouré d’amour et je me dis que son acte est aussi un acte d’amour. il a préféré partir plutôt que de nous faire souffrir . car oui le savoir dans sa souffrance nous faisait souffrir.
    alors je ne veux voir dans tout ça l’amour qui en ressort et comme disait (je crois) soeur Emmanuelle, « l’amour est plus fort que la mort »

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