Pharmacopée n°14

Quelle muse a inspiré mon fils Augustin lorsque ce matin il s’est écrié : « Dans la vie, il faut rester simple ! » Souvent, à l’heure de m’endormir, après un bref examen de conscience pour relire les instants heureux de la journée, me remémorer les joies et voir ce que je peux corriger dès le lendemain, je m’interroge sur comment simplifier ma vie, comment la délivrer de tant d’inutiles fatras, de tous ces futiles soucis ?

Nietzsche a dit : « Un genre de vie simple est chose difficile : il y faut beaucoup plus de réflexion et d’inventivité que n’en ont les gens même très intelligents. » La simplicité procède du dépouillement. Tout se passe comme si les esprits s’évertuaient à compliquer la vie. Comparaisons, attentes irréalistes, regrets… Mener une vie simple peut décidément devenir une chose difficile si je me maintiens dans la réflexion, si je m’imagine un modèle d’une existence épurée fort éloignée du réel. Vivre simplement, serait-ce alors abandonner tout questionnement pour se jeter dans l’existence sans la juger ? Gageons que, pour commencer, il existe une voie médiane, plus aisée : utiliser ce même mental qui complique les choses en cherchant midi à quatorze heures, pour le mettre au défi de résoudre ou plutôt de dissoudre les problèmes qu’il n’a de cesse d’inventer. Voilà qui l’occupera ! En gros, voir le mental à l’œuvre, se rire de ses lubies et de ses manigances pour revenir à la vie sans ses filtres. Augustin, tu me ramènes à l’essentiel ! Il faut que tu me rappelles de rester simple car, assurément, je ne le suis pas souvent.

37 Comments on “Pharmacopée n°14”

  1. Il y a quelques années, j’ai entendu une jeune femme citer les derniers mots de sa grand-mère sur son lit de mort :

    « Simplifie… simplifie… »

    C’est devenu mon leitmotiv…

    Augustin,continue…

    « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années… »

    Denise

    1. Denise
      Mardi 8 février 2011 à 18 h 37 min
      Augustin,continue…
      « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années… »

      Désolé de vous contrarier mais, existerait-il « des âmes mal nées »? -et dans ce cas à qui incomberait la faute pour ne pas leur offrir, aussi, des nombres d’années?
      Encore qu’elles ne sont pas responsables d’être nées, si elle seraient mal nées, faudrait encore en rajouter?

      Augustin c’était un chrétien, aurait-il dit beaucoup de choses semblables qui n’ont rien de chrétien?
      La philosophie respecte les humains dans n’importe quelle condition, bien nés ou pas, mais si Augustin a dit ça, ce n’était pas un chrétien.
      J’imagine un autre des philosophes,peut être, se remuer dans sa tombe lorsqu’on lui dit qu’il s’agissait d’un chrétien.
      Désolé Denise….
      slim

      1. Bonjour Slimnature,

        C’était simplement une citation… apprise il y a si longtemps, si longtemps…

        Augustin né dans une famille où l’on communique, dans laquelle tout est sujet de réflexion, ne serait-ce que sur le chemin de l’école (Le philosophe nu), il a donc une grande chance dès le départ…

        C’est ce qui m’a fait revenir cette phrase en mémoire, est-ce dans le Cid… avec Gérard Philippe au TNP ???

        Merci de me renseigner, j’ai oublié…

        Denise

        1. @Denise
          Tu es d’accord que la citation est plutôt tendancieuse et pas très réaliste, d’autant qu’on ne sait pas vraiment comment l’interpréter, car qui peut , en réalité, s’estimer bien né ou pas pour se réjouir ou se fouetter?
          Tu as un fouet?
          slim

          1. Pour les bouddhistes après la mort on se réincarne et chaque réincarnation serait en quelque sorte une meilleure évolution vers un ultime éveil qui fini par briser le cycle des réincarnations.

  2. « Dissoudre les problèmes » ne serait-ce pas « vouloir » et faire l’effort de retourner à un état de simplicité vitale, dans les petites choses, dans la sagesse d’être modeste.
    Souvent nous aggravons des situations avec notre mental compliqué. Observer ce qui nous semble complexe et tenter de parvenir à son contraire. Cela serait comme l’état de la rose d’Angelus Silenius, et sa suffisante raison d’être :
    « La rose est sans pourquoi, fleurit parcequ’elle fleurit; sans souci d’elle-même, ni désir d’être vue.
    La simplicité est aussi au coeur même de l’authentique beauté.

  3. Beati pauperes spiritu » Matthieu V,3 Bienheureux les pauvres en esprit, ceux qui atteignent atteignent le détachement, ce constat ne date pas d’hier.
    Vivre honnêtement et intensément l’instant présent, une conduite simple qui demande néanmoins beaucoup d’application, d’implication

    1. Je relis ton petit post où tu cites « Heureux les simples d’esprit ». J’ai peu de point commun avec les chrétiens mais cela ne m’empêche nullement de voir en Jésus un maître de spiritualité un peu trahi par ses disciples comme tous les maîtres. En Occident le « titre » de philosophe est accaparé par les profs de philo, donc par de « simples » enseignants de l’histoire de la pensée. Ou au mieux par des intellectuels machines à faire des citations érudites, ce qui est important. Mais si la sagesse existe elle n’est certainement pas, forcément pas, réservée à ceux qui sont cultivés. La sagesse n’est pas élitiste. Des êtres simples, aux âmes bien nées baignées tôt dans l’amour, parfois même dans un milieu de violence, ces âmes innocentes accèdent avec une aisance naturelle vers la sagesse. Beati pauperes spiritu. L’intellectuel peut aussi devenir sage mais pour lui le chemin sera toujours plus long et souvent son excès de connaissances pèsera si lourd qu’il ne trouvera pas le chemin de la simplicité. Il n’y a pas de hiérarchie dans la joie, pas d’ancienneté, pas de diplôme.

  4. Cette nuit il est tard, très tard et je ne dors pas… Alors je lis le blog d’Alexandre Jollien dont j’aime beaucoup le dernier livre « Le philosophe nu »et il me prend l’envie de citer Frédéric Dard
    « La philosophie, c’est l’art de se compliquer la vie en cherchant à se convaincre de sa simplicité »

    1. Il est indiscutable que la philosophie a son utilité et devrait être apprise plus tôt dans nos Lycées : Mais il arrive un moment où il faut digérer tout ce que notre mental a reconnu vrai , commencer à méditer un peu sur notre propre vie et à penser par soi même .
      Bref, faire passer dans son esprit ,dans son coeur et dans sa vie de tous les jours tout ce que les philosophes ont mâché et remâché pour nous simplifier la tâche et que nous avons découvert pour nous apprendre à supporter notre sort .Il faut,un jour, se décider à le vivre dans un coeur enfin en paix.

  5. Une vie simplifiée ,dépouillée qui ne donne de l’intérêt qu’à l’essentiel, est le résultat de toute une vie quand le stress au travail n’existe plus , que les enfants sont élevés et que l’on jouit enfin du temps indispensable pour méditer sur sa vie trier ce qui est essentiel à son propre bonheur.Nous sommes, hélas ! propulsés dans une vie trépidante, où il faut d’abord « faire son trou »et celui de sa famille pour pouvoir, enfin,avoir le temps de s’apaiser et de faire l’économie du superflu de tout ce qui rend la vie compliquée .Tout cela vient avec la sagesse et, sans doute, un brin de solitude .
    Faire simple est un bon chemin à tous points de vue.

  6. Bravo à Augustin déjà habile pour poser des questions… pas simples…
    La vie d’un être humain n’est pas simple du tout. D’abord un être humain possède un cerveau extrêmement sophistiqué avec lequel il vit en symbiose étroite. Ensuite l’être humain vit dans des systèmes sociaux extrêmement complexes et difficilement contrôlables. Alors rester simple c’est vraiment pas simple. Alexandre Jollien évoque la possibilité « de se jeter dans l’existence », sans trop réfléchir. Est-ce possible, je le disais un être humain promène toujours son cerveau avec lui, en lui… Rien ou presque n’est instinctif chez lui… L’essentiel est « culturel »… Notre « Nature », vivre comme la Nature disait les Stoïciens, c’est vivre tel que la Nature nous a faite, donc… avec un cerveau… On échappe pas au cerveau sauf en mourant… Dire le contraire c’est nier ce que la Nature a fait de nous… Pourtant je pense aussi, comme Augustin, je suis augustinien à ce point de vue, qu’il faut « simplifier » les choses, qu’il faut se concentrer sur soi, sur ses désirs, ses peurs, pour développer la joie et aimer la vie telle qu’elle se présente à nous… En fait pour simplifier sa vie il faut faire usage de la raison, on n’y coupe pas, c’est le paradoxe. C’est sans doute aussi, à mon point de vue, l’erreur du bouddhisme. La sagesse grecque a compris qu’il fallait faire usage du langage et de la raison pour aller au-delà du langage et de la raison. En écrivant, en discutant, vous avez aussi fait ce choix cher Alexandre Jollien…
    Merci pour cet intéressant débat. On attend la pharmacopée n° 15.

    1. Hansitrois, j’ai aussi le sentiment comme tu l’écris que l’on échappe pas à son cerveau. j’ai l’impression qu’une partie des idées où images s’y succèdent sans que nous ayons réellement le contrôle de leurs cours.
      Nous sommes des êtres ou nature et culture s’entremêlent. Nier ou rejeter un de ses composants serait absurde, et ne peut conduire qu’à des frustrations. Profiter de la vie c’est aussi faire la part des choses, justement composer, être d’honnête artisan à défaut d’artistes de génie.

      1. Etre honnêtes artisans à défaut d’artistes de génie, la formule me convient bien. Oui comme tu le dis Marion, il faut composer, louvoyer, progresser par petites touches. Dans ce sens là mieux vaut se fixer des objectifs simples. Pour ma part je crois que songer à échapper à son cerveau, au langage, est relativement illusoire, comme si un oiseau renonçait à voler pour atteindre à sa vérité intérieure. J’ai lu un livre étonnant d’un neurologue américain, DAMASIO, intitulé « Spinoza avait raison », où il explique les mécanismes « corporels » de la pensée comme des mécanismes de survie. Ce que Spinoza intuitivement appelle « perdurer dans son être », nous sommes des machines à vivre. Depuis cette lecture j’ai du mal à distinguer le corps et l’esprit, en effet la pensée naît dans des cellules faites de chair. Cette image m’a frappé.

        1. Je ne commais pas le livre de Damasio mais avant le philosophe nu, Desmond Morris dans le singe nu paru en 1967 démontre qu’une grande partie de nos attitudes que nous pensons strictement culturelles, (comme certains signes de politesse) sont en fait un héritage d’un langage corporel animal. La lecture de cet ouvrage m’a permis de mieux décripter l’état d’esprit de mes interlocuteurs. Les travaux sur la perception témoignent aussi du fait qu’esprit et corps agissent de concert ainsi les tests visuels montrent que chez l’être humain notre décryptage d’une simple représentation picturale est fortement influencée par notre culture paradoxalement comme chez certain animaux d’autre sens rentrent en action comme le toucher ou l’odorat.

          1. J’avais lu à l’époque le « Singe Nu », oui je m’en souviens parfaitement. Je lisais peu mais celui-là je l’avais lu. Je me souviens qu’il disait qu’en cas de contrôle policier il valait mieux sortir de sa voiture car l’attitude assise est une attitude provocante, à éviter face à un policier. Si tu peux trouver le livre de Damasio c’est encore plus renversant je trouve. Ou en gros un état d’âme n’est jamais qu’un certain état général du corps à un moment donné. Enfin comme c’est étonnant de se souvenir du « Singe Nu » j’en suis tout étonné…

        2. Je pense que tout esr relationnel : le corps, l’esprit, les sentiments, les émotions. Ces derniers sont le fruit de notre histoire, de notre parcours de vie (encore tout neuf pour Augustin…). C’est lorsque ce champ émotionnel nous envahit que l’on va « en rajouter » au lieu de « faire simple ». Alors, je suis d’accord Hansitrois, « il faut faire usage de la raison » pour mettre le doigt sur ses sentiments et ses émotions. Un travail de connaissance et re-connaissance de ces derniers, de retour sur soi, pour vivre plus apaisé, plus sage, plus simple. Je repense à la rose de Silénius (cf plus haut). Son détachement ne l’empêche pas d’être belle, d’être dans sa plénitude et dans sa simplicité -à notre regard. Et pour en arriver à ce qu’elle est, il a fallu toute l’énergie, l’effort sous-jacent d’accomplissement et d’épuration.
          Aller à la re-connaissance de nos émotions et de nos sentiments pour apaiser et simplifier le mental…….je crois que ça n’est jamais fini…!

          1. Françoise : précisons pour ceux qui se méfient de la raison que la raison n’est pas forcément raisonnable ! Et j’ajoute que la raison, l’instance dirigeante de notre cerveau est constamment en action, mécaniquement en action. La vie c’est comme la stratégie, l’absence de stratégie est en soi une stratégie. Dire qu’on se méfie de la raison c’est une façon de faire usage de la raison, je ne joue pas sur les mots je décris comment fonctionne un corps, comment il assure sa sécurité, son unité, sa cohérence. Dénoncer la raison est une pose romantique, à mon avis, juste mon avis, et pendant ce temps la raison exerce son activité et veille au grain. Alorts tant qu’à faire essayons avec simplicité d’infléchir un peu certains choix personnels pour rester dans la joie.

        3. Hansitrois. , je te remercie pour ce conseil de lecture. Le livre de Damasio se révèle en effet très instructif même si sa théorie est extrêmement déterministe, en ce sens que pour lui les sentiments et les idées conscientes découlent d’une chaîne de causes et d’effets dont l’origine se trouve dans les mécanismes simples permettant aux organismes et aux hommes de maintenir leur homéostasie ainsi toutes nos idées, nos décisions soi-disant rationnelles, notre libre arbitre ?, découleraient de notre métabolisme primaire et de son évolution. On ne peut nier que cette thèse se révèle souvent juste, un état de faiblesse nous rend souvent plus émotif même si nous réussissons parfois à relativiser, le sentiment-stimuli nous envahit comme un tsunami.
          Faiblesse et souffrance, seraient source de sentiments profonds, et chez certains de création artistique.. une consolation!
          PS, Le singe nu est devenu est classique et pour moi c’est une lecture relativement récente.

          1. Marion : je n’ai aucune formation scientifique et je lis peu. Je ne lis que sur certains thèmes personnels que j’approfondis sans cesse. Damasio m’a plu car son expérience clinique rejoint l’intuition philosophique de Spinoza. J’ai connu une expérience curieuse. J’étais surveillant dans un internat, je mange à la cantine avec les élèves mais je ne suis pas de service et je rentre chez moi. Or le repas de la cantine a provoqué un empoisement. Les élèves ont vomi au milieu de la nuit. Mais moi, rien, pas de douleur, pas d’indigestion. Par contre des pensées noires, des pensées déprimantes, et pour tout dire une envie de suicide (je n’ai jamais ce genre de pensées). Ces pensées affluent et me débordent… En fait mon estomac digère le poison… Le lendemain en retournant au lycée où je suis pion je découvre que j’ai été empoisonné comme les autres. Si j’avais été empoisonné tout seul je n’aurais jamais fait le parallèle entre cet empoisement, indolore pour moi, et sa transmutation en pensées morbides.. Jamais. A l’époque je me suis dit « Qu’est ce que la pensée au fond ? »… Ca c’est du DAMASIO expérience personnelle.
            DAMASIO donne un certain éclairage qui ne résume pas tout, qui ne dit pas tout, mais qui rend… modeste et pousse à simplifier notre vision des choses. Cette réflexion confirme mon approche philosophique personnelle consistant à faire usage du corps (et donc de l’esprit) pour progresser vers l’équilibre et la joie. Progression par petites touches, progressions par des exercices pour « imprimer » certains mécanismes positifs dans mon corps et mon esprit.

      2. Nous sommes des êtres spirituels projetés sur terre pour explorer la matière :En ce sens notre ego et notre mental nous sont indispensables pour évoluer dans ce monde là et accomplir notre tâche ici bas : apprendre à aimer et construire notre vie .

        Mais arrive- plus ou moins précocement-le moment de réaliser que nous ne sommes pas que cela et nous recherchons -plus ou moins consciemment-notre appartenance spirituelle ; nous rendons compte que ,dans cette quête, ego et mental sont des obstacles dont il faut peu à peu réduire le champ d’action .C’est le travail de toute une vie …et chacun est plus ou moins doué…mais la vie est éternelle et nous avons tout le temps voulu .

    2. « Progresser vers l’équilibre et la joie », c’est bien une de mes aspirations .Des exercices pour « imprimer » certains mécanismes positifs dans mon corps et mon esprit, je m’y suis attelée mais il faut bien admettre que parfois contre la maladie, la souffrance physique, ils ne m’ont pas été d’un grand secours. Arrêtée en plein vol, J’ai d’abord voulu nier l’une et l’autre, prendre sur soi, se forger un mental d’acier et cela n’a été que de mal en pis. Les écrits de d’A Jollien me confortent dans l’idée que ce n’était pas le bon chemin à suivre, je me suis aussi reconnue dans ces lectures et cette soif d’y trouver une solution, que de nuits en compagnie de Sénèque! . Aujourd’hui, je comprend mieux les « mécanismes qui lient le corps et l’esprit et celà m’a permis d’apprivoiser certaines douleurs physiques et les souffrances morales qu’elles induisent inévitablement. Cette expérience m’a fait acquérir une certaine sagesse que seul le temps qui nous rapproche inexorablement de la fin de notre passage sur terre permet.

      1. Marion : j’ai bien senti que tu poursuivais des pistes très proches des miennes. Je ne suis pas forcément à la recherche de gens pensant comme moi, à la limite les différences sont plus instructives pour moi puisqu’elles me permettent de mieux dégager mes propres pensées, des les remettre en cause ou de les confirmer.
        Les exercices spirituels, je dirais plutôt la pratique philosophique mais peu importe, restent un élément majeur pour me renforcer dans la joie et réduire les peurs. Pour ma part je ne « crois » qu’aux exercices mentaux et très peu aux exercices physiques. La respiration tout cela, le zafu franchement c’est sympa mais bon. POur moi l’élément central de la souffrance morale et physique vient des images mentales qui s’imposent à nous. Je ne travaille que sur cela. Je ne dis pas que respirer en laissant courir ses pensées face à un mur soit inutile mais franchement je ne suis pas convaincu que ce soit un « investissement » très rentable. C’est mon opinion et elle ne vaut que pour moi. Je me méfie bien plus des représentations, du langage notamment… Images et mots… C’est le travail sur les désirs et sur les peurs. Je crois ce travail rentable. Reste que tu as raison Marion la souffrance peut tout emporter mais je crois qu’on peut garder quand même un regard d’en-haut sur soi, sur sa souffrance, et que ce regard reste souriant… Je crois cela possible. Je le crois… Mais si tu me prédis que demain la souffrance balayera tout chez moi, je suis incapable d’affirmer le contraire. Jusqu’à présent je me suis plutôt surpris positivement face à certains évènements mais demain je peux me retrouver rampant et dévasté, je le sais, et je l’accepte… et je travaille. Comme je te le dis je travaille sur les images et les mots, très peu sur le physique… De toutes façons images et mots naissent dans mon corps, sont mon corps.
        Merci Marion de partager tes réflexions avec moi.

        1. Je ne conçois pas que l’on puisse progresser, avancer sereinement dans la vie sans échanger et confronter ses expériences avec autrui. Je suis toujours curieuse de voir comment chacun réagit différemment face à une situation donnée. Notre but et dans tous les cas notre destination ne diffèrent guère mais à chacun de tracer son propre chemin pour être en accord avec lui même. J’apprends des autres en respectant sans toujours approuver leurs idées et façon de mener leur vie. Aujourd’hui, Je gagne chaque jour en sérénité en tentant d’apprivoiser mes douleurs. Je ne m’en « sors » pas si mal car contrairement aux réactions que j’ai pu souvent observer je ne me suis jamais aigrie face à ce qui peut apparaître comme injuste.

  7. j’aime bien tout ce que vous avez dit Hélène , parce que il faut avoir vécue cette vie dont vous parlez , le travail , pour comprendre .les enfants

  8. ce n’est pour moi qu’à la retraite que j’ai pu me simplifier la vie et et surtout me connaître en profondeur , donc aller à l’essentiel

    1. Merci Julie, je suis en début de retraite et j’essaie de trier, de simplifier et ainsi me connaître plus en profondeur. C’est vraiment une tâche de tous les jours. Avez-vous des pistes.

  9. Bonjour,
    Simplement merci pour ces réflexions sous forme de boîte à pharmacie de l’âme. On y puise des pistes d’améliorations pour mieux vivre notre quotidien.
    Restez simple avec un fonctionnement humain si complexe me demande un travail, une quête spirituelle que je trouve en partie dans vos écrits et dans la méditation.
    Bonne continuation Alexandre entouré de vos proches.

  10. Bien sûr, Hansitrois, dans le sens de la faculté de penser pour comprendre, juger, distinguer et dans le cas présent – être simple- faire l’effort de réfléchir sur le pourquoi on amplifie, pourquoi on ajoute par surcroît, pourquoi on rend complexe. C’est une pause, un retour vers soi, une prise de conscience sur ce que l’on aimerait alléger. Ce qui nous fait souffrir permet un élargissement de la conscience.
    Carl Jung le décrit très bien lorsqu’il évoque le conflit ou l’émotion « qui est la source principale de toute prise de conscience. Point de passage de l’obscurité à la lumière, ni de l’inertie au mouvement sans émotion. »
    Volonté de cheminement lucide sur soi au travers de nos affects.
    Tout se lie, le corps, le mental, l’âme, le coeur — et tout est fluide, rien est figé. Tout est en devenir…………c’est la beauté de la vie.

    1. Bien d’accord avec toi Françoise. Tu fais une remarque très précise sur l’amplification, sur le rajout, sur notre propension à rendre complexe. On pourrait ajouter propension à embellir ou à enlaidir exagérément. Sur ce point je partage le point de vue des stoïciens tel que décrit par Pierre Hadot à savoir le « travail sur les représentations ». Je rectifie, je soupèse « mes » mots ou « mes » images sur tel ou tel sujet quotidien. J’ai fait ce travail par exemple à la mort de mon père et, à ma grande surprise j’ai été envahi d’un sentiment de reconnaissance à son égard pour sa vie et aussi, au sens strict, pour sa mort. Moi qui ne suis pas chrétien qui ne ressent aucune aspiration à une vie au-delà, j’ai ressenti totalement la perfection naturelle de la mort de mon père. J’ai pas eu à forcer, juste à positionner mes pensées en rectifiant certains éléments des représentations et émotions, ce que tu dis sur Jung, pour voir la perfection de la réalité. Il est important que ce sentiment surgisse sans trop forcer sinon cela reviendrait à dire « je vais bien tout va bien », ce qu’il faut éviter évidemment. Merci de débattre avec moi chère Françoise sur ce thème foisonnant lancé par Augustin.

  11. La simplicité est complexe. Pardonnez moi cet oxymore. Elle impose d’aller à l’essentiel, d’ôter un à un nos masques et nos leurres. Elle a pour moi l’aspect d’une évidence, d’une note juste, d’un point d’équilibre fragile, toujours fugace.

  12. Je me demande à quoi sert-il « un truc » comme celui-ci sur la philosophie si personne cause, encore moins le philosophe.
    slim

    1. Slim , nous ne sommes pas ici ds une boite de bavardage , et encore moins  » ds un truc  » , comme vous nommez irrespectueusement le blog d’Alexandre Jollien .

    2. Le philosophe est à l’initiative en publiant ses pharmacopées. Il y avait jadis, chez les pharmaciens, ou plutôt les apothicaires, la tradition de la « panacée »,, sorte de mélange de plantes, de remèdes sensé tout soigner. En philo, c’est la recherche de la pensée ou surtout d’une pratique qui aide à aller bien. Pour être franc, je n’ai pas encore trouver cette potion magique. Mais, c’est je crois l’idée première de ces pharmacopées, et le principe m^me de nos échanges. Amicalement. Philippe L

  13. Se simplifier la vie…Reconnaître dans le flot des pensées, celles qui sont néfastes pour nous de celles qui nous construisent. Tout vient de là-haut! (l’esprit-le cerveau) Le grand artisan!Cela prend du temps, une vie ne suffira certainement pas

  14. Mais la simplicité, comment la définir, cher philosophe, là où la notion de complexité n’est que contextuelle?
    Qu’est-ce qui est le plus simple entre le jeu d’échec au premier coup et la position au 34e coup du match Karpov-Kasparov de 1986, partie n°1

Répondre à Rita Rato-Laurent Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *